Mon voisin
Ridley – c’est mon voisin de galerie – est un type bien.
Il regrette comme nous tous que l’Homme ait été assez con pour négliger à ce point l’écologie et qu’on en soit arrivé là. Il critique les gouvernements et les gens en général, si peu citoyens de la planète Terre qu’ils l’ont pollué sans penser aux générations futures. Pourtant, Ridley conduit un vieux tout-terrain pour se rendre sur ses chantiers, parce qu’avec ce froid, hein, quand même... Il jette ses déchets dans la réserve de plein air du district nord : c’est sale mais c’est bien plus pratique, s’il prenait le temps de trier et d’aller aux bennes, il serait pas à l’heure au taf, et il a trois gosses à nourrir, c'est pas rien.
Il est pas raciste, Ridley, et il pense qu’on est tous frères, surtout dans l’adversité de ce nouveau monde. Il supporte pas qu’on traite les noirs de négros, on est tous des hommes qu’il dit. En même temps, lui et moi on vit dans un quartier blanc, aucun de ses amis n’est de couleur, à Ridley. Le seul black qu’il fréquente, c’est le type qui nettoie notre partie de la galerie. Il est sympa, Ridley lui dit toujours bonjour en passant. Et puis il fait bien le ménage, il paraît.
C’est comme les gars qui maltraitent les femmes ou qui les rabaissent : ça Ridley il aime pas non plus. On est tous égaux sur cette putain de planète blanche. Sa femme est bien d’accord, à Ridley. Qu’est-ce qu’elle fait sa femme ? Elle s’occupe des gosses, à la maison. Ridley veut pas qu’elle bosse, pas besoin qu’il dit. Et puis faut bien quelqu’un pour garder les mioches. Il rapporte la tune, lui.
Ridley c’est un chic type. Bon, j’te dis pas qu’il gaspille pas un peu l'bois de chauffe, qui raconte pas des fois une ou deux blagues sur les pédés ou qu’il va jamais aux putes, mais au fond c’est vraiment un gars bien. Un homme comme toi et moi.
Bon, ok, c’est un gros con.
Comme toi et moi.
Sven Thomasson Vërgson
28ème jour de Juillet 2066