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Blanc comme neige...
7 février 2007

Paumé

Carnets de voyage de Stanislas Vërgson (extraits) - 7ème jour de Février 2062

Quand tu es paumé, fils, on dit qu'il faut rester là où on est. Que plus tu avances et plus tu t'égares, un peu comme ces filets qui se resserrent sur toi au fur et à mesure que tu te débats. Ouais, je sais, ça peut sembler affolant, mais justement il te faut rester calme, tout laisser tomber, et t'arrêter. Et si tu as un peu de cul ou quelqu'un qui t'aime assez pour te chercher, ben il devrait te trouver.

Tout ce p'tit monologue pour t'expliquer pourquoi j'avais décidé de rester là, seul, le cul dans la neige, assis par terre comme un petit garçon boudeur. Comme un enfant perdu. Paumé. J'étais à moins de vingt bornes de la cité Azur, dans mon pays, c'est tout ce dont j'étais certain. Mon scooter des neiges m'avait claqué entre les doigts, et j'avais déjà fait la connerie de le laisser pour tenter de rallier la cité à pieds. J'avais marché toute la journée précédente, et m'étais arrêté pour dormir contre le tronc mort d'un grand arbre isolé. Au matin, il avait neigé par-dessus ma tente de survie, tant et si bien que j'ai pas pu la replier et que j'ai déjà eu du mal à en sortir. Tous les repères pris la veille s'étaient effacés. La brume était sur moi, et je pouvais toucher l'horizon du doigt. La souche de l'arbre dépassait toujours de la poudreuse, encore plus seule et désolée. Un petit trait noir sur une page blanche. Une heure plus tard, j'avais du mal à compter mes doigts si je tendais le bras dans le brouillard.

Alors je me suis assis. Complètement désorienté, je ne savais même plus dans quelle direction j'étais tourné. Il n'y avait que moi, mon arbre mort, et du blanc. Blanc. Vraiment, vraiment blanc.

Je ne suis pas un type que la solitude dérange, fils. Et l'habitude de la baroude m'avait fait me doter de bon matos et de vivres nécessaires. J'peux pas dire que j'avais pas froid, mais j'avais à boire et à manger et je savais pouvoir tenir en attendant de pouvoir reprendre la marche. Ou en attendant les secours.

J'avais pas peur, donc, et j'ai même trouvé ça fascinant. Être seul au monde. Hors du temps. Tu en viens même à te demander si tu existes vraiment. Où si tu ne serais pas passé dans un autre monde. Un univers magique de brumes et de sortilèges. Comme si la Nature te faisait un signe.

***

Mon oncle a rédigé ces mémoires il y a cinq ans jour pour jour. Le lendemain, personne n'était venu le chercher. La brume s'était levée, mais il décida de rester au pied de son arbre mort encore un peu. Au cas où. Il rentra seul, à pieds et avec quelques engelures, trois jours plus tard.

Sven Thomasson Vërgson
7ème jour de Février 2067

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Commentaires
M
Moi aussi je suis con, d'abord !
S
Meuh oui je t'aime aussi mon grand !<br /> (Rolala comme vous êtes !)
B
Comment ça il est tout pourri mon commentaire (75% du lectorat).
S
M et Myrtille : vous savez que je vous aime vous ?<br /> <br /> (Je vais quand même pas me fâcher avec 50% de mon lectorat !)
M
Je suis con moi!!!! Pas cool
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