Mode et travaux
Parce que c'est la mode. Si si, je t'assure !
C'est une nécessité, aussi, bien entendu. La période glaciaire, mine de rien, elle est assez récente, et notre ville souterraine, elle s'étend. S'incruste. Il faut bien créer et améliorer les infrastructures, renforcer et modifier les conduites d'eau, bâtir des logements et des bureaux, tracer des itinéraires et des voies d'accès. Oui, bien entendu, c'est une nécessité. Mais ça frise parfois le n'importe quoi, c'est moi qui te le dis.
Où que tu ailles, aujourd'hui, tu croises des plots rouges et blancs. Et des panneaux oranges. Et des rubans qui interdisent l'accès. Et des tractopelles, des camions de chantier, ou des mini-bulldozers. Et des gars avec des gilets jaunes fluorescents. Ou pas, d'ailleurs. Parce que c'est une caractéristique récurrente des travaux : les chantiers existent, mais y'a pas souvent grand-monde dessus.
Alors si tu es piéton qui parcours les galeries de la cité Azur à la seule force de tes mollets, gaffe où tu poses tes godasses. Et porte pas de vêtements trop sombres, des fois que tu sois obligé de marcher là où y'a pas de trottoir sécurisé. Histoire que les bagnoles te voient. Si tu es conducteur de ton propre bolide, prend ton mal en patience. Parce que les feux de circulation alternée, ils sont plus longtemps rouges que verts. Et si tu utilises les transports en commun, observe le paysage, et cette cité qui semble autant en ruines que ce qu'il en reste à la surface.
Y'a des travaux partout, et pour le coup, comme dirait Hurley, ça pose de sacrés problème au continuum espace-temps dans la cité. Mais c'est pas près de s'arrêter, je crois. Y'a des travaux partout. Parce que c'est la mode.
Sven Thomasson Vërgson
23ème jour de Mars 2067