La carotte et le bâton
"Qu'est-ce que tu nous as fait de bon à manger, Sven ?
- Des carottes.
- Aaaaaaah !
- Râpées.
- Oooooh..."
C'est une vieille blague, qui date sans doute de l'Avant. C'en est devenu une private joke : on s'est esclaffé niaisement, comme à chaque fois, fiers de notre bêtise. Et dire qu'on dit souvent des mecs qu'ils ne parlent que de cul ! C'est une légende urbaine. Entre elles, les femmes sont bien plus portées sur la chose que nous. Quant à moi, je t'ai jamais caché que j'avais un petit côté féminin, parfois.
"Sans rire, j'aime bien les carottes, Sven.
- Je le sais bien. Et celles-ci sont énOooormes.
- Huhuhu !
- En plus, il paraît que ça rend aimable. Alors tu vas me faire le plaisir de finir ton assiette !
- Hé, ho !"
Je recevais des amies à la maison, hier. Ma cuisine ne s'en est pas encore remise, d'ailleurs. Je ne sais pas comment c'est possible de salir autant de vaisselles à trois personnes : étrangement, si tu triples simplement la quantité de verres et d'assiettes que je dois laver quand je suis seul, t'es encore loin du résultat final. Je subodore qu'un théorème mathématique complexe résume tout cela, mais je ne l'ai pas encore trouvé.
"Faudrait que j'arrête de manger autant, j'ai des kilos à perdre.
- Bouge-toi un peu déjà, sors de chez toi !
- Ouais, occupe-toi ! Tu dois t'ennuyer seule chez toi !
- Oui, c'est vrai.
- Ou alors, achète des carottes.
- HEIN ?"
Grand blanc. Le temps qu'elle réalise - oh, ça n'a pris que deux secondes ! - que j'étais encore sur les "kilos à perdre" et non sur son côté "solitaire chez elle". Puis fou rire général. On en pleurait.
Tu veux une soirée réussie ? Achète donc des carottes.
Sven Thomasson Vërgson
28ème jour de Septembre 2067