Vingt neuf
Hier, c’était mon anniversaire. Le dernier de la vingtaine : l’an prochain, il faudra que je change le chiffre de la dizaine. Mais tu sais quoi ? Je m’en fous.
Est-ce que l’ours blanc se soucie d’avoir dépassé la moitié de son espérance de vie ? Est-ce que le phoque s’inquiète de l’âge qu’il aura demain ? Est-ce qu’un arbre grimace en contemplant ses rides ? Non, bien sûr que non, et je suis sûr que tu commences à comprendre où je veux en venir : il n’y a bien que ce con d’humain pour se créer ses propres problèmes ainsi.
Découper le temps en petits bouts pour le mesurer et le voir défiler, j’avoue, c’est pratique. On est tous sur le même créneau horaire, on vit ensemble, on a tous les mêmes repères. Pratique, je te dis. Mais ça s’arrête là : hier j’étais plus vieux d’un jour par rapport à avant-hier, et aujourd’hui j’ai un jour de plus qu’hier. Tu sais quoi ? Demain j’aurais un jour de plus qu’aujourd’hui. Et rien qu’en tapant cette note j’ai pris plusieurs minutes. Et alors ? C’est la vie.
Un anniversaire n’a qu’une signification pour moi : la fête. C’est juste une excellente excuse pour faire une bonne bouffe entre amis. Quoi, toi tu fais la gueule le jour de ton anniversaire ? Pourquoi ? Tu préfèrerais ne pas avoir à subir les assauts de l’âge ? Tu voudrais vivre quoi ? 200 ans ? 500 ? A jamais ? Arrête un peu ton cinéma…
Objectivement, je n’avais aucune raison de déprimer hier, ni n’aurais de raison de déprimer l’an prochain à la même date : l’auto torture psychologique, j’essaie d’éviter. Parce que le problème de l’âge, vraiment, c’est bien nous-même qui le créons.
Il n’existe pas.
Sven Thomasson Vërgson
Le lendemain du 8ème jour d’Octobre 2067