Stagnation
"Fais chier : je stagne !"
Non, ce n'est pas une citation provenant de la vaisselle s'entassant dans mon évier. Cette voix, c'est celle d'Hurley.
"Je vois toujours les mêmes gens, dans les mêmes cadres. J'en ai marre, Sven. Comment veux-tu que je rencontre des personnes nouvelles ?"
Ouais, bon, c'est sûr, c'était plus facile de voir du monde quand on était étudiants, qu'on allait de fêtes en fêtes, et qu'on était sportif.
"Toi c'est différent Sven : tu as plein d'amis, tu sors, tu fais du sport. Tu dois avoir plein d'opportunités sympa, à la piscine..."
Au cas où tu ne maîtriserais pas encore le vocabulaire d'Hurley, je précise que dans sa bouche, "opportunités" a forcément un rapport avec la gent féminine. Bon, en l'occurence, Hurley se mettait le doigt dans l'oeil jusqu'au coude, mais je n'osais pas le contredire : j'ai horreur quand il part dans son monologue au sujet des lois et théorèmes de l'univers. Pourtant, la vérité c'est qu'en allant régulièrement à la piscine, j'en avais découvert une nouvelle, de loi. Une loi que n'aurait pas renié notre bon Murphy et qui pourrait s'exprimer ainsi :
"Si tu es un mec et que tu vas à la piscine pour draguer, tu constateras que 90% des filles du bassin sont en surpoids et viennent tenter de brûler leur cellulite, quand 90% des mecs du bassin sont des apollons qui viennent entretenir leur musculature déjà parfaite".
Mais je n'osais pas le contredire, donc : vaut mieux faire envie que pitié, pas vrai ?
"Je stagne !"
Tu remarqueras que je n'avais pas encore ouvert la bouche. Pour dire quoi, de toute façon ? Je le connais, mon Hurley, hein. Comme beaucoup de gens, il aime se faire plaindre. Problème : je suis pas un très bon pote, dans ce domaine.
"Hurley, je viens d'avoir une idée géniale.
- Ah oui ? Laquelle ?
- Et si tu bougeais ton gros cul ?"
Ouais, ouais, je sais ce que tu penses. Mais oh, ça va hein : on voit bien que c'est pas toi qui fait la vaisselle.
Sven Thomasson Vërgson
Premier jour de Mars 2069