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Blanc comme neige...
18 septembre 2009

Drôle d'intuition...

Je marche, seul et à une heure tardive, dans une galerie sombre et glacée du district 6. Jusque là, tu ne te sens pas dépaysé, c'est assez classique. Prenant un raccourcis, je m'engouffre dans une traverse étroite exclusivement piétonne. Mais après seulement quelques pas, un strident rugissement de scooter m'apprend qu'un conducteur de deux roues pas très respectueux du code de la route s'est glissé dans la traverse à ma suite. Je ne me retourne pas, et je n'accélère pas ma marche.

Le type m'éclaire de son phare et fait vrombir son engin comme s'il voulait m'écraser. Il n'y a pas la place pour qu'il me double tranquillement. Je ne bronche pas et continue de marcher, à mon rythme. Il freine. Klaxonne. M'insulte. Me provoque. Je soupire, fais un pas de côté, et lui laisse la traverse. Il lève son majeur à mon intention et fait pleurer le moteur de son scooter, filant dans la traverse.

Je reprends ma marche.

La lumière rouge de son feu arrière s'éloigne, puis s'arrête, au bout de la traverse, face à la boutique de mon arabe du coin. Je m'approche, mais stoppe dans l'ombre d'une passerelle : l'attitude précédente du type, l'épicerie arabe, le look "survêt et casquette"... bref, ça sent pas bon. Le gars au scooter relève la visière de son casque, échange deux mots avec un type sortant d'un pas langoureux de l'épicerie.

Et je me dis :
"keep cool Sven, juste deux potes qui discutent, tu risques rien..."

Et le gars de l'épicerie sort un flingue, le braque sur mon ami en deux roues, lui crie un truc. Le moteur hurle, et en trois secondes la lumière arrière de la bécane disparaît dans une traverse perpendiculaire. Je ne bouge toujours pas. Je ne respire pas, d'ailleurs, tiens. L'homme armé se tourne d'un côté, de l'autre. Scrute la traverse. Je ferme les yeux, espérant que l'obscurité me cache. Je rouvre les yeux : il a rangé son arme, et s'en va tranquillement dans une direction que je m'empresse de mémoriser, histoire d'emprunter une direction opposée.

...

Le lendemain, Hurley félicite mon sixième sens, et loue ce pressentiment salvateur. "
Sauvé par ton intuition !" sont ses mots exacts. "Sauvé par mes préjugés" serait néanmoins plus juste.
Et du coup, j'ai du mal à applaudir.



Sven Thomasson Vërgson
18ème jour de Septembre 2069

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Commentaires
S
Chantal : 'spèce de racaille.
C
Aïe ! Faut plus que je sorte en survêt-casquette dis-donc ... !
S
Berthoise : Surement.
B
Sauvé, c'est ce qui compte.
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