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Blanc comme neige...
10 décembre 2009

L'omelette

J'avais rien dans le frigo.


Enfin, presque rien : suffit de quelques oeufs et d'un bon coup de poignet - ça, je maîtrise, je te rappelle que j'ai une grande expérience dans la pratique... du tennis. Et hop, on peut se faire une bonne petite omelette.

J'avais rien dans le frigo, mais la poêle crépitait. Un léger crépitement que j'aime tant, si doux à mes oreilles. Quelques oignons doraient tranquillement, les dès de jambon s'étaient parés d'un bronzage brun à croquer, et la ciboulette mettait un peu de vert dans le jaune des oeufs battus. Il faut toujours mettre un peu de vert, quel qu'il soit. C'est mon principe. Pour la bonne conscience.

Le jaune versé dans la poêle bulla, et j'en salivais d'avance.

Et là, le téléphone sonna - je te laisse imaginer, je fais bien le bruit de la porte d'entrée, moins bien celui du téléphone. Le numéro affiché était celui de mon vieil ami Oji, un Ami avec un grand A, qui habite à perpèt les alouettes, que je ne vois qu'une fois l'an au mieux, que j'ai au téléphone à peine plus souvent. Alors j'ai décroché, on s'est marré, on a discuté de nos vies, on s'est donné des nouvelles - les nôtres, celles de nos amis communs. L'omelette, pendant ce temps, cuisait. Bien sûr, j'ai coupé le feu, mais une omelette qui reste dans la poêle chaude cuit encore. Trente minutes c'est beaucoup, pour une omelette. Mais je m'en foutais : quand j'ai raccroché le téléphone, j'avais le sourire en banane et le coeur gonflé à bloc.

J'ai mis mon omelette archi-cuite dans mon assiette et j'ai commencé à manger. Bon, c'était trop cuit, mais ça passait bien quand même.

Et là, le téléphone sonna - oui oui, la même sonnerie. Le numéro affiché était celui de Gladys, une Amie avec un A, qui habite à perpèt les alouettes - plus loin qu'Oji, c'est dire. Que j'ai au téléphone moins souvent encore. Alors j'ai décroché, j'ai dit "Putain, c'est la soirée !", je lui raconte l'appel d'Oji, on s'est marré. On a parlé de nos vies. L'omelette, pendant ce temps, refroidissait dans mon assiette. Et ça refroidit pas mal en quarante cinq minutes, une omelette. Mais je m'en foutais : quand j'ai raccroché le téléphone, j'étais radieux comme un soleil.

J'ai bouffé mon omelette, en entier. Elle était trop cuite, et elle était froide, mais ça passait bien quand même.

Il semble que l'amitié soit une épice qui rend mangeable les trucs les plus ignobles.


Sven Thomasson Vërgson
10ème jour de Décembre 2069

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Commentaires
G
Une omelette comme une allégorie de l'amitié ? Etonnant, mais bien réussi !
S
Berthoise : *je vous aime*<br /> <br /> Chantal : ne jamais, JAMAIS rien mettre dans le café. Jamais. Hérétique.
C
Chez moi c'est l'oeuf cru, dans un mug de café...
B
Même nature, j'aime les omelettes, baveuses, chaudes avec un peu de poivre.
S
Flo : comment diantre peut-on faire pour ne pas aimer les oeufs ? Mes histoires, je peux comprendre, mais les oeufs...?<br /> <br /> Chantal : beark.<br /> <br /> Nathalie : je ne poste pas souvent de texte mais j'aime toujours autant les écrire.
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