Un capitaine dans un hamac
C'est un peu comme quand je marche dehors, en plein brouillard ou en pleine tempête de neige. Non, en fait, c'est même pas ça. Ce serait plutôt comme quand je sors à la surface me balader, mais que je n'ai pas de destination particulière. Et qu'en plus il y a du brouillard, ouais.
C'est pas que le concept me dérange en soit : je dis souvent que les destinations n'ont pas d'importance, et que c'est le voyage qui est intéressant. Mais d'un autre côté, comment veux-tu que je prenne la bonne route si je ne sais pas où je veux aller ? Comment veux-tu que je me motive à grimper, si en fait je ne sais pas vers quel sommet je me dirige ?
Cela fait deux ans que je débute l'année avec des cibles à atteindre très précises en tête. Un sommet en vue. Un but, un objectif clair. Quand tu as un objectif, tu te donnes les moyens, tu fais tes choix en fonction, tu décides. Et quand l'année se termine et que tu es là où tu voulais aller, c'est assez gratifiant de te sentir maître de ta vie.
Là, je suis un capitaine qui a lâché la barre de son navire, parce qu'il ne sait pas quel océan il veut traverser ni dans quel port il veut mouiller en Décembre prochain. Je vais laisser faire les courants et les vents, me laisser porter au gré des vagues, au hasard. Me retrouverais-je en des terres inconnues pleines de promesses nouvelles ? Découvrirais-je les Amériques ? Se passera-t-il quelque chose, au moins, ou ne me retrouverais-je au final qu'à mon point de départ ou - pire - à mon port de départ d'il y a quelques années ?
Je ne pense pas à mal, et je suis de nature optimiste. Mais j'ai la désagréable impression de jouer cette nouvelle année à pile ou face... et c'est vaguement dérangeant.
Sven Thomasson Vërgson
3ème jour de Janvier 2070