Choix
"Non mais Sven, quoi, arrête ! C'est une super bonne nouvelle !
- Mouais. Mais j'aime pas ça. J'le sens pas.
- Mais tu es con ou quoi ? Si tu avais eu le choix, tu aurais dit 'oui' sans hésiter !
- Il est là le 'hic' : j'ai pas eu le choix.
- Hé mec, sérieux, faut que tu consultes, ça devient pathologique là."
Grumph. Le pire, c'est qu'Hurley a raison.
Mr Batier - tu te souviens de mon patron ? - m'a imposé une promotion. Oui, je sais, la formulation peut prêter à sourire. Et pourtant, ça s'est exactement passé comme cela.
Je ne sais pas trop ce que j'ai, d'où vient ce sentiment en moi. Je ne crois pas qu'il ait toujours été là. Il est apparu quelque part dans mon coeur il y a quelques années, et depuis il n'a eu de cesse de se développer, comme un petit alien qui m'a servi d'allié bien des fois. Il est cette petite voix qui crie dès que je suis forcé à quelque chose, dès que l'on tente de m'imposer une décision, dès que je n'ai pas le choix. Que ce soit négatif ou pas.
Je suis tout sauf un déterministe convaincu : il est hors de question que j'accorde de l'importance au destin ou à un futur potentiellement déjà écrit. Je vis ma vie. Mes choix. Mes décisions. Mes envies. Et donc mon système d'alarme se déclenche dès que l'étendue de mes choix est limité, dès que mon horizon se raccourcit. Si ne s'offre à moi qu'une seule route, même si elle est dallée d'or, parsemée de pétales de roses, encadrée d'un arc en ciel et sentant bon l'herbe fraîche, j'ai le souffle court et des nausées. Je panique.
Je crois que je deviens un claustrophobe de la vie.
Sven Thomasson Vërgson
24ème jour de Mars 2071