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Blanc comme neige...
22 août 2013

A la dure

"Aïeuh ! P'tain fait chier..."

Je viens de terminer la lecture du chapitre, prends une pause comme entre deux rounds, crachant le protège-dents pour reprendre de l'air, et replonge, masochiste. Je lis ce livre comme on se mange une baffe. Comme on se mange une baffe sans avoir pourtant l'impression d'avoir fait une connerie, de la mériter. A chaque page j'ai envie de relever la tête en me tenant la joue, en criant "hey, ça va pas la tête ?!", un air d'indignation sur le visage. J'essaie de me blinder, rentre la tête dans les épaules, et remonte sur le ring, crispé. Et lui, il continue de m'en mettre plein la gueule, mandale sur torgnole. En souriant.

Quand je pose parfois le bouquin, histoire de prendre une pause, c'est comme rentrer au vestiaire après le combat et voir ma gueule dans la glace : je réalise l'ampleur du désastre, le mal que ça m'a fait. La différence de niveau fait peur, et ne se comblera jamais.

Sauf que ça c'est pas grave.

J'me prends les coups dans l'espoir d'en retirer quelque chose, d'apprendre un truc ou deux. L'apprentissage à la dure, moi qui ai jamais rien appris autrement dans ce domaine. Moi qui n'ai aucune base théorique. Je sais bien que j'ai pas le niveau, mais hey ! Qui ne boxe pas ne sera jamais boxeur. Alors ouais j'ai la gueule tuméfiée et j'ai mal au pif, mais je vais rouvrir le bouquin. Remonter entre les cordes. Et me faire tabasser jusqu'à l'uppercut.

Et un peu plus tard quand j'aurais guéri, digéré, analysé le combat, je serai p't'être un peu plus fort. Un peu plus costaud. La tête un chouïa plus dure. Un tout p'tit poil.

J'espère.

"Aïeuh ! P'tain fait chier..."


Sven Thomasson Vërgson
22ème jour d'Août 2073

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Commentaires
S
Gicerilla : demain j'enlève ni le haut ni le bas... ça caille !
G
Oh, vous, vous devriez être dans la publicité, roi du teasing. Et demain, vous vous retournez ?
N
Géniale façon de restituer les rapports qu'on entretien avec certains livres. Ce sont peut-être ceux-la qui laissent le plus de traces. <br /> <br /> Certain bouquins m'ont fait cet effet, comme un, d'un auteur discutable en tant que personne, extraordinairement talentueux comme écrivain. Il m'a fallu attendre le quart du bouquin pour savoir si j'aimais ou non, si j'allais continuer ou pas. Et j'ai aimé à ne plus pouvoir le lâcher, à petites doses quotidiennes en ayant largement ma ration d'idées et d'émotions à mouliner pour m'endormir.
S
Esther : si chacun y va de sa proposition au pif on n'est pas sortis de l'auberge (et je n'ai jamais entendu parler du livre que tu cites ;)). Je me doute que ma note intrigue et donne envie de connaître le titre, mais ce n'était pas vraiment le propos : peu importe le bouquin, quand on pratique une activité, on tombe régulièrement sur des "très bons" qui nous renvoient à nos propres limites. C'était plus "ça" et notre façon (très variée selon les personnes) de le gérer qui m'interpellait.
E
Un jour de m'en irai sans avoir tout dit de Jean d'Ormesson ?
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