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Blanc comme neige...
19 septembre 2006

Le cimetière des baleines

J’avais vraiment envie de prendre l’air. J’ai donc profité d’une légère accalmie – même le mauvais temps se repose le dimanche – pour monter à la surface et aller me balader prés du bord de mer. Les balises rouges m’ont guidé à travers l’épaisse couche de poudreuse et les ruines de l’Avant. Le soleil ricochait sur quelques vestiges métalliques ou glissait sur les étendues blanches, me forçant continuellement à plisser les yeux derrière mes lunettes de soleil.

« Je vais d’venir une vraie face de citron » que j’ai murmuré pour moi-même, imitant toujours aussi mal l’accent de HD, et ça m’a fait marrer.

Suivant mon instinct et les bourrasques de vent, je me suis retrouvé au vieux port. Pas le port que nous utilisons aujourd’hui, l’ancien, celui qui servait de port avant, celui dévasté par le raz-de-marée de 2011, le « cimetière des baleines » comme les marins l’appellent ici.

Je suis autant marin que je suis motard : j’y connais que dalle en bateaux, je sais même pas où sont bâbord et tribord. Mais je suis déjà monté sur des embarcations, je suis déjà allé en mer, et ça me déplaît pas.

Le vieux port, c’est un imbroglio de bateaux figés dans la neige, des carcasses alignées comme autant de sépultures, ne laissant au monde que leurs noms fièrement affichés telles des épitaphes : « Lucky Bear », « L’inspiration », « London Night ». Ne manquent que les dates de conception. La date de décès est pour tous identique.

Je suis entré dans l’un d’eux, dimanche. Le « Tiama ». Un peu moins de vingt mètres, intérieur bois qui devait à l’époque être vraiment superbe. Le pont supérieur vaste. Le salon et le poste de pilotage spacieux et luxueux. Les cabines bien aménagées, bien conçues, pleines de rangements. Je me suis posé un instant, et je me suis dit que, même si je suis pas marin dans l’âme, je vivrais bien dans un truc comme ça. Même s’il est pas en mer. Là, comme ça, posé au sol, sur un terrain.

Et puis je me suis rappelé que dans l’Avant ça devait être bien cher, ce genre de joujou. Combien, celui-ci ? Un million d’euros ? Ces engins, ça a toujours été du rêve. Avant, ce port était un amoncellement de rêves. Aujourd’hui, c’est un cimetière de rêves brisés, où ils reposent en paix non loin des flots qui les ont vu voguer.

Sven Thomasson Vërgson
19ème jour de Septembre 2066

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Commentaires
K
(*Presque du Kir*... Si seulement je faisais aussi imagé !)
S
Martin : j'essaierais de ne pas oublier (voir la prochaine note).<br /> <br /> Kir : on va dire que je le prends comme un compliment (!).<br /> <br /> Bière : ah.<br /> <br /> Daniel : c'est presque du Kir, tiens.
D
Moi ma batterie est à droite!!! j'ai donc le tribord à gauche? Et si je suis à la proue et que je regarde la queue, elle tire à babord ou tribord? Quelle vulgarité!<br /> Bize
B
Les vieux bateaux sont toujours mous. Je sais pas pourquoi.
K
(c'est seulement pasque tu m'inspires, allons)
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