Merguez onirique
J'étais dans l'appart d'Hurley, avec mes deux comparses.
Assis fièrement sur une chaise, Hurley petit-déjeunait de café et de brioche à la confiture de cerise, le tout d'un air satisfait. HD, triturant du bout du pied un truc noir qui pouvait trés bien être un reste de merguez, fronçait le nez. Je sais pas pour toi, mais personnellement un asiatique qui fronce le nez, ça me fait toujours marrer. Je trouve que ça se marie étrangement avec leur face de citron. Moi, debout devant la fenêtre, j'observais un camion de déménageurs qui manoeuvrait péniblement au milieu des travaux. Je gardais les mains dans les poches : je n'osais toucher à rien.
Tout l'appartement était anthracite : les murs, le sol, le plafond, les meubles, tout. Comme si une bande de tagueurs avaient débarqué pour jouer de leur art, mais qu'ils n'avaient obtenu un prix de gros que sur la référence 'noir mat'. Tout à coup, il me sembla bizarre que l'appartement soit encore dans cet état, depuis le temps. Je jetais un oeil à ma montre, mais Hurley me rétorqua :
"Pas la peine, elle retarde d'une heure."
En effet, il avait raison. Puisqu'on était le 24.
"Et ils viennent quand faire les travaux ?
- Oh, en orange je crois.
- T'as raison, comme ça, ça sentira moins la mayonnaise."
Ce n'était que du bon sens, mais HD acquieça. Je remarquais dans le reflet de la fenêtre que ce n'était qu'une feinte : il me lança une bouteille de lait blanche comme neige qui manqua mon front de peu et qui termina sa course dans le cendrier de la table basse. Il rigola.
"Dix à sept, mon petit Sven ! J'ai encore gagné !
- Ouais, ben c'est facile avec un transpalette et un camion à hayon, hein...
- Bleu.
- Pas faux, mais avec une heure de plus alors."
***
Autant te dire que je me suis levé ce matin avec une de ces migraines ! Je crois que je préfère quand je ne me souviens pas de mes rêves...
Sven Thomasson Vërgson
30ème jour de Mars 2067