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Blanc comme neige...
18 février 2009

Le long fleuve tranquille

Je ne viens pas souvent par là-bas. Y'a pas grand chose à faire dans ce quartier, faut dire, alors ceci explique cela. Je ne viens pas souvent, et c'est sans doute pour cela que ça m'a marqué.

J'étais pourtant pas très ouvert sur l'extérieur, dans ma tête, ce matin. Quand la porte grillagée de la passerelle s'est bloquée - comme elle l'avait déjà fait la dernière fois - il m'est immédiatement venu à l'esprit trois façons de régler le problème. Dont trois pas vraiment conformes à ce qu'on attend d'un citoyen modèle. Bref, j'étais pas très ouvert sur l'extérieur, mais il faut croire que malgré tous les efforts qu'on fait parfois pour rester en apnée dans les abysses de son propre esprit, un rien peut nous en faire ressortir.

En l'occurrence, le rien en question se matérialisa sous la forme d'une mémé cabossée et rigolarde qui donnait à manger aux chats du quartier, au pied de la passerelle verglacée. Une mémé, sept chats, et me voilà à penser "blanche neige et ses sept nains", et c'était foutu. D'autant plus que, si je levais la tête d'un air intrigué, c'est que j'avais déjà observé cette même scène au même endroit, la dernière (lointaine) fois où j'étais passé par ici.

Je m'apprêtais à replonger dans l'océan de mon cerveau (je m'y noie facilement, dernièrement, car il est bien liquide) lorsque j'empruntais une galerie en travaux et en conséquence plutôt encombrée. Deux ouvriers guidaient une énorme palette de matériaux livrée via la grue d'un camion que j'eu envie de décrire comme un "poids très lourd". Casques sur la tête, manoeuvrant lentement, ils semblaient en difficulté avec leur pesante cargaison, m'obligeant à stopper ma marche le temps qu'ils aient terminé. Et là, je me suis rappelé que j'avais assisté exactement à la même scène, la dernière fois. Je fronçais un sourcil. Pas à cause de la sensation de déjà-vu qui semblait être le thème de ma mâtinée, mais juste parce que je fais beaucoup ça. Je crois que j'aime bien, en fait.

J'étais bientôt arrivé à ma destination, quand mon esprit désormais alerte m'évita de justesse la collision avec deux femmes qui papotaient derrière le coin d'une galerie - je dois avouer que je tournais assez brusquement. Et tu sais pourquoi j'ai évité la collision ? Non pas à cause de réflexes éclairs (il était huit heure trente du matin), mais parce que mon subconscient s'est soudain souvenu que, la dernière fois, il y avait deux personnes qui discutaient dans cette ruelle. Ma sensation de déjà-vu fit le reste, je ralentis mes deux derniers pas, et esquivais ainsi les tisseuses de ragots. Pour la petite histoire, elles étaient moches. Pas de regret.

Y'a absolument rien de magique, dans l'histoire : la porte de la passerelle bloque tout le temps, la mémé est surement là tous les matins, la galerie en travaux reçoit certainement du matériel chaque jour, quant aux commères elles n'ont sans doute que ça à foutre de papoter dans le froid. Mais justement, c'est tout ça qui m'amène à penser que, finalement, c'est drôle de voir comment les jours se suivent et se ressemblent.

Si la vie est un long fleuve tranquille, je suis sûr qu'il fait le tour de la Terre et n'a en fait ni source, ni embouchure...


Sven Thomasson Vërgson
18ème jour de Février 2069

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Commentaires
S
Berthoise : ton propos est très clair : tu penses que je suis un sale macho qui n'aurait rien fait pour éviter de bousculer deux bimbos.<br /> ...<br /> C'est tout à fait vrai.
B
Si ç'avait été 2 jolies gisquettes avec des yeux que tu te pers dedans et des avantages là où il en faut davantage, t'aurais aimé hein les tamponner ? Mais les mémés, elles, elles peuvent aller se rhabiller.<br /> Je ne suis pas certaine d'être très claire dans mon propos, mais, c'est les vacances et je suis d'humeur prolixe.
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