Cul nu dans la neige
Je suis cul nu dans la neige, et j'ai le fion qui brûle de froid.
Nan, je ne suis pas en train de te dévoiler le secret de mon ferme fessier : c'est juste une image. C'est un peu comme si je m'asseyais volontairement cul nu dans la neige, et que je me plaignais d'avoir le derche gelé. Ou comme si je te mettais un bâton dans une main, que je me glissais dessous, et que je donne des coups de tête dedans en criant "aïe". Encore que la neige, elle reste neutre : toi, tu serais capable de t'excuser de me frapper.
J'hésite entre affirmer que je suis masochiste, ou affirmer que je suis un mouton. Je penche plutôt pour la seconde solution, à bien y réfléchir : je n'éprouve pas vraiment plaisir à me faire du mal. C'est juste qu'à vivre parmis mes contemporains geignards qui trouvent toujours une excuse - parfois bonnes, hein, j'dis pas ! - pour ne pas aller bien, je suppose que mon subconscient en a assez que je sois le seul à sourire. Avoir une vie merveilleuse, faut croire que ça suffit pas : encore faut-il partager ce bonheur incommensurable avec des gens qui peuvent l'apprécier. Alors, puisque tout va bien, je baisse mon froc et me pose là, le cul dans la neige. Putain, ça brûle le fion. Mais au moins je me sens appartenir à la communauté.
Si on exclue le fait que mon discours n'est ni très clair, ni très cohérent - et pourtant je t'assure que j'ai repris ma sobriété au rhum depuis plusieurs jours - ce laiüs ne t'explique pas pourquoi j'ai fermé ma gueule si longtemps. Ni pourquoi je la rouvre, d'ailleurs. La migration du Sven arctique conservera encore un temps ses mystères, visiblement. Mais les mystères ont du bon, la neige aussi, et - puisqu'il faut voir le bon côté des choses alors que je remonte mon fute pour écrire plus confortablement - le sang peu à peu palpite à nouveau sous la délicate peau de mon derrière.
Voilà, tu peux te réjouir : J'ai enfin levé mon cul de dedans la neige.
Et en prime, j'ai les fesses roses.
Sven Thomasson Vërgson
19ème jour d'Août 2069