Jumeaux gastronomiques
"Alors ça, c'est vraiment énorme !
- Quoi ?
- Nous sommes jumeaux astraux de la bouffe !"
J'ai un très bon ami qui habite loin d'ici. On s'appelle de temps à autres, pour prendre des nouvelles, et après dîner hier soir je lui ai passé un coup de fil. Le "allo ?" qu'il répondit en décrochant fût brouillé par de la friture, dans tous les sens du terme.
"Bordel, c'est quoi ce bruit ?
- Ma poêle, je cuisine.
- Ah ouais ? Et tu te fais quoi de bon ?
- Je suis en train de faire revenir du poivron rouge, ça crépite.
- Ah ouais ? Tiens, c'est marrant."
J'avais encore le goût du poivron dans la bouche, et j'avais en effet commencé à cuisiner par là : épépiner le poivron, le couper en lamelle, le faire revenir à la poêle.
"Et là, écoute..."
Pshhhhhh !
"Je rajoute les oignons émincés..."
Moi aussi j'avais ajouté des oignons émincés. J'adore les oignons.
"Je fais revenir un peu tout ça, et hop après je jetterais mon poulet coupé en dès là-dedans.
- Sans déconner ?"
Je commençais à me demander si nous n'avions pas préparé le même plat ce soir. Mais c'était improbable, et il était plus vraisemblablement en train de cuisiner un poulet basquaise.
"Sans déconner. Et quand mes nouilles chinoises seront prêtes, un peu de sauce soja, et ce sera une tuerie !
- Alors ça, c'est vraiment énorme !
- Quoi ?
- Nous sommes jumeaux astraux de la bouffe !"
Peu probable, mais pourtant vrai : nous avions préparé tous les deux un sauté de poulet avec oignons, poivrons rouges et nouilles chinoises. Exactement le même plat le même soir, jusqu'à posséder la même marque de nouilles chinoises. Nous en avons beaucoup ris. Et on a bien bouffé, tous les deux.
Sven Thomasson Vërgson
7ème jour d'Octobre 2066