Empathie
"Allez HD, dis c'qui va pas à ton pote Vërgson !"
Il fait la gueule, HD, et c'est pas son genre. Et une face de citron qui n'a pas le sourire, ça fait vraiment bizarre. Il manque quelque chose. Comme une lampe sans ampoule.
"Ecoute Sven, tout va très bien, je ne sais pas de quoi tu parles."
Ah, ça, ça veut dire qu'il meure d'envie de se confier. C'est typique. Comme dans ces séries policières à la télé, où quand un suspect dit à l'inspecteur "je ne sais pas de quoi vous parlez", vous pouvez être sûr qu'il va se mettre à table dans la minute qui suit.
"Allez HD, ça fait un bail qu'on se connaît non ? Tu as perdu ton sourire depuis une semaine, dit pas le contraire !
- Ok, mais j'ai pas envie d'en parler, c'est plus clair ?"
Ah, ça, ça veut dire qu'il s'agit d'une femme, et que sa prochaine phrase sera assez longue pour qu'il puisse y caser son prénom discrètement, entre deux ensembles sujet-verbe-complément monotones. Il veut se faire prier, pour soulager sa conscience. Je suis son ami. Alors...
"Ok, pas de problème, je respecte, on a tous nos jardins secrets - et d'ailleurs j'adore les jardins japonais. Ah ah ah ! Bon, ben tu sais que si tu as besoin de parler je...
- Sven, tu me casses les couilles"
Ah, ça, ça veut dire que je lui casse les couilles. Et son regard me le confirme. Bon, ben il est des moments où il faut savoir se replier. C'est à ça que ça sert, l'empathie.
Sven Thomasson Vërgson
19ème jour d'Octobre 2066