Grasse mâtinée
C'est toujours un plaisir sans nom, quelques secondes de pure jouissance, un orgasme qui ne tâche pas les draps.
C'est un instant fugace, un bref battement de paupières ensommeillées, tes yeux qui piquent en découvrant que le réveil indique l'heure où il sonne, d'habitude. Quand il sonne, les autres jours de la semaine, il déchire tes rêves et t'arrache à ton oreiller. Aujourd'hui, puisque tu ne travailles pas, puisque le réveil ne fonctionne pas, tu ouvres les yeux naturellement. Non, ça ne sonne pas, mais tes yeux sont ouverts quand même.
En fonction de ton état cérébral, de ce que tu as fait la veille, de ton nombre d'heure de sommeil, tu mets plus ou moins de temps à réaliser qu'aujourd'hui c'est dimanche. Des fois tu le sais avant même d'ouvrir les yeux. Des fois tu as déjà pris un café avant de te dire que merde, t'es con, personne ne t'attend au bureau, t'as pas besoin de braver le froid des galeries, encore moins celui de la surface, ni celui de tes collègues. Mais peu importe.
Peu importe parce que rien n'égale ce plaisir sans nom, ces quelques secondes de pure jouissance, cet orgasme qui ne tâche pas les draps, ce majeur dressé vers les 06:30 qu'affiche le réveil, ce sourire qui s'étire, cette couverture qui remonte par dessus des paupières qui se rabaissent...
Putain, que c'est bon une vraie grass' mat' !
Sven Thomasson Vërgson
5ème jour de Novembre 2066