Pas de tout repos
"Rhooo, mais c'est mon chéri ça !
- Argh !
- ça va mon chéri ?
- Hem, t'es un peu en train de me casser la colonne vertébrale, mais bon...
- Câliiiiin !
- T'es un peu chiante des fois tu sais ma chérie ?"
Imagine un peu le sourire ironique - voire carnassier - qui illuminait mon visage à ce moment-là. Je sais pas toi, mais moi ça me fait toujours la même chose : Fanny avait sauté littéralement au cou de Vince, s'y agrippant tel un poux à un cheveux. Il avait dû râler un peu plus fort pour qu'elle lâche prise, déçue. Mais une fille, ça ne laisse pas tomber aussi facilement : sitôt qu'il fut assis dans le canapé, elle s'étendit immédiatement sur ses genoux comme un chat se vautre dans un bac à fleurs.
"Qu'est-ce que tu es saoûlante...
- Il est pas très câlin mon chéri aujourd'hui.
- Grumph ! Tu sais que tu me fais un peu mal là ?"
Ils avaient tous les deux le sourire : ils s'aiment. C'est beau l'amour. Surtout quand la demoiselle passe ses doigts n'importe comment dans les cheveux du jeune homme, et que celui-ci déclare d'un air complètement désabusé "et après elle se demande pourquoi j'ai les cheveux gras...". Et je te parle pas de la phase de répression qui s'ensuivit, avec chatouilles non-autorisées et bagarre de canapé : être amoureux, des fois, ça a l'air super usant. Même les coussins avaient l'air épuisés.
Non, franchement, dans ces cas-là, je jubile. Parce que ça fait partie des petits moments de la vie qui me remettent un peu de baume au coeur, en me rappelant que le célibat, quand même, ça a ses avantages.
Sven Thomasson Vërgson
12ème jour de Mars 2067