La théorie
« Au fait, comment elle va ta copine, là ?
- J’ai plein de copines boss.
- Ben tiens : ça va les chevilles ? Ta copine, là, au nom imprononçable…
- Svetlana ?
- Voilà ! Svetlana !
- Elle s’est casée avec un ptit con.
- Oh. Dommage.
- T’es marié, boss.
- Ah ? Ah oui, c’est vrai. Mais c’est pas parce qu’on a choisi le menu qu’on peut pas regarder la carte, hein… »
Toutes mes ex se sont très vite recasées après nos séparations, et pendant un bon moment j’ai cru que c’était une sorte de malédiction personnelle. Mais en fait non : j’ai plein de potes célibataires – pour certains, je ne comprends même pas comment ils font – alors que je connais très peu de filles qui le sont. Et y’a pas besoin d’être un génie pour mener une simple petite réflexion sur le sujet.
Malgré leurs protestations virulentes, les femmes sont indéniablement en position de force. Depuis les années 2000, cela ne fait que s’accélérer : après des siècles de domination masculine, l’amour et la drague sont aujourd’hui entièrement entre des mains féminines. Elles ont compris peu à peu qu’elles pouvaient virer les gros lourds misogynes d’antan et qu’elles avaient le choix des hommes. Et en l’occurrence, le choix est vaste : le nombre de célibataires masculins ne cessent d’augmenter. Et ces hommes sont tellement en manque qu’ils foncent tête baissée vers la première fille qui leur fait de l’œil.
La caricature est donc la suivante : des femmes debout sur un parterre d’hommes à genoux, l’index sur le menton dans un signe d’interrogation. L’embarras du choix, que ça s’appelle. « Moi ! Moi ! Prenez-moi mademoiselle ! Moi ! Moi je sais faire la cuisine ! Moi ! ».
Qu’on soit bien clair (parce que je te vois déjà sur le point de protester) : je te parle pas de coup de foudre. Je te parle de ne pas être seul, de partager un peu de ta vie avec quelqu’un pour une semaine, un mois, un an. Et plus si affinités.
« Quand c’est que tu me présentes tes copines célibataires, Vërgson ?
- J’ai PAS de copines célibataires, boss. Et t’es marié.
- Ah ? Ah oui, c’est vrai. »
Putain, c’est déjà pas évident d’être un mec aujourd’hui quand on a une grande gueule comme la mienne et qu’on veut pas être à genoux, alors si en plus on a la concurrence des hommes mariés, on est pas sorti de l’auberge.
Tu sais quoi ? J’crois que c’est les homos qu’ont raison : l’âge sombre du mec hétéro ne fait que commencer…
Sven Thomasson Vërgson
24ème jour de Juillet 2067