Repère matinal
« Han mais t’es vraiment trop con…
- Mais c’est la faute à ta pouffiasse de copine là !
- Ouais ben la pouffiasse c’est mon amie d’enfance ok ?
- Ben vous allez bien ensemble, tiens ! »
Ah, ça y est, c’est reparti. Le couple de jeunes du troisième. Un coup d’œil à ma montre posée sur le rebord du lavabo m’indique qu’ils sont ponctuels : 07:37, c’est pile-poil dans leur créneau habituel.
Ne crois pas que j’espionne mes voisins : je n’ai pas l’oreille collée à leur porte. En fait, je suis à poil à la sortie de la douche, face au miroir, en train d’étaler de la mousse sur mes joues râpeuses. Mais je les entends parfaitement bien, comme le reste de l’immeuble, sans doute : ils ne crient pas, ils hurlent. Comme chaque matin, entre sept et huit. Au début, j’ai pensé que le type était atteint d’une maladie, type syndrome Gilles de la Tourette. Mais non : ils sont juste cons. Tous les deux.
« Ho, ta gueule !
- Nan, toi ta gueule ! »
Non, vous vos gueules.
Note bien que ça ne me dérange pas tant que ça : à cette heure je ne dors plus, et j’atténue leurs humeurs d’une douche aussi bruyante que rassérénante. Mais tant de bêtise et de vulgarité ne méritent pas tant de décibels, et je me demande toujours ce que c’est que ces drôles d’oiseaux-là.
« Va changer de jupe, tu sors pas comme ça, on dirait une pute !
- Ben avec un peu de chance je chopperais enfin un gars qui saura me baiser ! »
Sérieux, ils sont pas nets ces deux-là. Vivement huit heure.
Sven Thomasson Vërgson
17ème jour d’Octobre 2067