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Blanc comme neige...
18 octobre 2007

Plus dure sera la chute

Elle se précipite soudain en avant, sans que tu ne comprennes bien pourquoi. Tout se passe très vite : tes jambes n'ont le temps de faire qu'un pas et demi. Et en l'espace d'un pas et demi, elle a couru, a tendu la main en avant pour retenir la porte avant qu'elle ne se referme, a glissé sur l'étrange liquide d'un blanc immonde qui macule le sol, a effectué un soleil digne d'une acrobate russe (ce qu'elle est peut-être, au fond) et s'est ramassée violemment au sol dans un sploch écoeurant.

Et là, à cette seconde précise, tu te retrouves dans la situation classique. Celle qu'on a déjà tous vécu dans sa vie, au moins une fois : tu vois une amie se prendre une gamelle monumentale, et tu es partagé. Partagé entre l'instinct primaire qui t'ordonne d'éclater de rire, et l'inquiétude légitime de savoir si l'amie en question peut survivre à un tel fracas. Si elle va se relever. Si elle n'est pas déjà morte. Si ça se trouve, elle va crever connement dans cette galerie sombre, juste pour avoir voulu retenir une porte, ou juste parce que quelqu'un a renversé... un yaourt (tu pries très fort pour que ce soit un yaourt).

"AH MAIS MER-DEUH !" beugle-t-elle, bien vivante.

Mais c'est trop tard : tu as hésité, tu as refoulé ton instinct primaire, et le rire ne sort plus. En même temps tu es soulagé : demain, tu avais autre chose de prévu qu'une crémation. Surtout avec une épitaphe aussi con que celle qu'on aurait improvisé dans un tel cas.

Du coup tu tends la main, te ravise en voyant le... yaourt maculer doigts, jean et veste, et te contente finalement de sourire assez niaisement. Tu restes même là comme un con, les bras ballants, sans savoir quoi faire, tandis qu'elle trouve un mouchoir en papier dans sa poche et entreprend de limiter les dégâts. Et elle te parle, évacue sa nervosité, sa peur, sa rage, et toi tu ne trouves rien à dire. Tu es là, tu hoches la tête bêtement.

Et c'est maintenant, au moment de la chute de cette histoire, que tu te rends compte que celui qui est ridicule dans l'histoire, c'est toi.

Sven Thomasson Vërgson
18ème jour d'Octobre 2067

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Commentaires
K
j'en pleure de rire en lisant votre texte, c'est que vous êtes bon
D
Ouais ben j'espère qu'elle l'a lu... Parce que je me sentirais pas de lui expliquer... <br /> <br /> Mince ! le flip jusqu'à ce qu'elle parle... Tu m'as fait peur ! J'avais pas envie de rire non plus... <br /> <br /> Mais maintenant, je me la repasserai bien en boucle...<br /> <br /> Je ne dirais plus "On est dans le yaourt les gars !" sans une pensée pour elle, et une pour toi !
S
Ce bref réveil : la vie c'est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quel sol on va tomber.<br /> <br /> Mlle Bille : je ne le dirais à personne.<br /> <br /> Jacques : c'est elle qui a copié, m'sieur !<br /> <br /> Mimi : elle sera ravie de l'apprendre, sans doute.<br /> <br /> Monsieur : dommage, bien essayé. Une autre fois peut-être ?<br /> <br /> Leila : c'est pas ça qui va libérer mon rire lors de la prochaine chute...<br /> <br /> Schizozote : j'adore ta façon de prononcer mon nom.<br /> <br /> Alb : à vrai dire, pour survivre, il vaut mieux essayer de ne pas glisser.
A
Glisser...hurler...lutter... pour survivre dans cette ère de plus en plus glaçiale ...
S
hé hé, Le Rire... de Vergson... ;) Très fort !
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