Il est de retour
Je l'aime bien, ce type. Peut-être parce qu'il me rappelle un peu mon oncle : un humour à dépuceler un ours, de jolies choses à dire quand il s'applique, et cette bougeotte qui caractérise si bien les éternels insatisfaits. Un coup ici, un coup là, je lui ai connu diverses identités... mais toujours le même visage sympathique, même s'il faut toujours un temps avant de le reconnaître, avant d'être sûr que c'est lui, que c'est bien lui, de retour.
Pour sûr, ça faisait un moment qu'on l'avait pas vu dans le coin. La dernière fois que je l'ai croisé, c'était à la buvette, comme souvent à l'époque. Et puis le lendemain, il était parti. Encore. Mais on savait tous, ici, qu'il finirait par revenir. Même lui le savait bien. Où était-il, pendant tout ce temps ? Nul ne pouvait prétendre le savoir, et en fait je crois qu'on s'en fichait tous un peu. On pensait juste à lui, régulièrement, avec ce petit sourire nostalgique et ce petit rire d'anticipation en imaginant le jour où.
Et puis il est revenu, discrètement, sans faire de vague. Il est retourné dans les galeries qu'il fréquentait, a retrouvé les gens et les odeurs, sans s'annoncer, sans se découvrir. La rumeur a fini par arriver à mes oreilles. "Pa'aît qu'il est de 'etou'" qu'il m'a murmuré, Lewis. Et puis finalement je suis tombé face à face avec lui, avec cette silhouette que j'avais déjà croisé ces derniers temps sans y faire vraiment attention. J'ai ouvert de grands yeux.
"Oh putain, c'est toi ?" que je me suis exclamé.
Il m'a sourit.
"Quoi, t'as pas reçu mes cartes postales ?" qu'il m'a rétorqué.
Monsieur Bremier est de retour.
Sven Thomasson Vërgson
16ème jour de Novembre 2067
PS : ça tombe bien qu'il soit de retour, ça te fait de quoi lire. Et si tu pensais que cette note parlait de mon propre "come back" sur la toile, tu en es pour tes frais. Et arrête un peu de râler, ça fait même pas deux semaines que je me suis barré : je t'ai parlé d'une parenthèse, pas d'une pause pipi.