Les jeux sont faits
Puisque j'ai décidé de te causer entre deux "copier/coller" des notes de mon oncle - et puisque je n'ai aucune envie d'écrire quoi que ce soit au sujet de Katrina - je rebondis plutôt sur l'évocation du rade de Boyd.
J'ai toujours été joueur, c'est un fait. Quoi de plus sympathique et communautaire qu'un jeu de cartes, sans déconner ? Un paquet tellement usé qu'il est rafistolé au scotch, une serviette en papier tachée avec deux colonnes "Nous/Eux" tracées au stylo-bille, un petit tapis vert pour la frime, des petits verres d'une quelconque liqueur... et hop c'est parti pour une longue nuit. Parce que quand tu as commencé, c'est difficile de t'arrêter : le premier en mille points ; La revanche ; Et, comme de fait exprès puisque ça fait TOUJOURS une manche partout, la belle.
Je sais pas si ça vient de l'éducation - c'est vrai qu'on est plutôt joueurs dans la famille. Tout ce que je sais c'est que j'adorais jouer quand j'étais gamin, que j'organisais des aprems jeux avec les potes quand j'étais ado, et que j'ai pas mal traîné dans les bars à jeux des districts alentours ces dernières années.
Ce qui a changé, c'est mon attitude. Foutreneige, qu'est-ce que j'ai pu être mauvais perdant ! J'en ai tapé des colères - à défaut des adversaires. J'en ai ruminé des défaites. J'en ai poussé des jurons. Et puis, je me suis calmé : depuis que je me suis fait la réflexion que les gens énervés et en colère ont vraiment l'air con, c'est dingue comme j'ai tout relativisé. Et puis, je suis bien obligé de céder à mon goût du spectaculaire : je suis prêt à perdre pour faire un beau jeu, et suis prêt à risquer toute une partie sur un coup de bluff, pourvu que si je gagne ça le pète un max.
Heureusement pour ma santé, celle de mon compte épargne et celle de mon banquier, je n'ai jamais aimé les jeux d'argent.
Sven Thomasson Vërgson
19ème jour de Février 2069