Bougeotte
C'est une maladie incurable, il paraît : quand on l'a attrapée, c'est foutu.
Merde alors.
Laurie était partie, revenue, repartie, rerevenue. Et elle repart encore, de plus en plus longtemps, de plus en plus loin. Bruno vient de revenir dans sa région, mais parle déjà de s'engager dans un périple qui le mènera près de chez moi. Et moi, à peine rentré de mon fabuleux voyage, j'envisage des sorties et des départs, prétexte des gens à voir, cherche des excuses dans les anniversaires des uns, dans les mariages des autres. Et plus loin ils habitent, mieux c'est.
Tu crois que c'est grave ? Tu crois que ça veux dire quoi ?
La cité Azur est là, sous plusieurs mètres de neige, de glace et de terre. Ailleurs, c'est pas forcément mieux. Pas plus chaud. Pas moins hostile. Je suis bien dans mes galeries : j'ai mes repères, ma famille, mes amis. Et en 2067, mener une vie telle que celle que je mène, franchement, c'est plutôt pas mal. J'ai vraiment pas à me plaindre. Et j'en suis bigrement conscient.
Alors pourquoi j'ai la tête ailleurs ? Pourquoi je n'ai l'impression de ne vivre qu'à partir du moment où je dépasse les balises rouges ?
Sven Thomasson Vërgson
29ème jour d'Août 2067