Perdu
C’est la scène classique du cinéma policier : le meurtrier commet son forfait, et tente ensuite de se débarrasser du corps de la façon la plus permanente et la plus discrète possible. Certains sont très imaginatifs, et les stratagèmes vont des plus simples aux plus compliqués : le découpage en morceaux pour la mise au frigo, le bain d’acide dans la baignoire, l’enterrement au fond du parc public, les pieds dans le béton au fond du canal… bref, c’est toujours assez capillotracté. Alors que tout le monde sait bien que, pour faire disparaître quelque chose corps et biens dans la vie réelle, il suffit de le confier aux bons soins de la Poste.
« Perdu ? Comment ça perdu ?
- Ben on ne sait pas où il est.
- Ah oui. Perdu, donc. »
J’ai horreur de ça. S’énerver sur la pauvre fille au guichet n’est même pas utile – en plus d’être mesquin et un peu inhumain – alors que la seule chose dont tu as envie à ce moment-là c’est de filer un coup de boule au premier venu. Mais tu ne peux pas. Ton seul recours, c’est de faire une réclamation, qui va permettre d’ouvrir une enquête interne, durant laquelle ils vont chercher ton colis perdu sans le retrouver. Tu sais où il est ton colis, au final ? Dans ton cul, tout juste.
Et puisqu’on parle de trou noir, je me demande si la Poste ne ferait pas mieux d’embaucher quelques astrophysiciens, histoire de vérifier ses entrepôts…
Sven Thomasson Vërgson
7ème jour de Décembre 2067