Quand ça veut pas...
"Enculé de chauffard de merde ! Monde de merde !" qu'il gueula de nouveau.
Je pourrais t'expliquer que 2067 ne semble pas être son année, à Hurley, mais si tu me lis assez régulièrement tu l'as très bien compris. Depuis son anniversaire quelque peu morose en janvier, la transformation de son appart en merguez trop cuite et un petit-déj manqué, on peut pas dire qu'il était en grande forme ni de très bonne humeur ces dernières semaines. HD aurait dit qu'il souffrait d'un déséquilibre de son Yin-Yang. J'aurais personnellement présenté ça comme une mauvaise série de coups de pas de chance. Mais tu t'étonneras pas qu'Hurley résume l'ensemble par un bon vieux "Monde de merde !".
Ce matin, pendant qu'il tentait de maîtriser les fluctuations de l'espace-temps - c'est à dire qu'il essayait d'arriver à l'heure au boulot en utilisant sa bagnole - il a eu un léger accrochage. Ou plutôt, pour éviter un abrutis qui roulait trop vite dans une galerie rétrécie par les travaux, Hurley s'est rabattus contre le mur. Il y a laissé un rétroviseur. C'est pas ce qu'il y a de plus cher à remplacer sur une caisse, mais c'est pas trop le moment des dépenses superflues non plus.
"Enculé de banquier de merde !"
Ben ouais, parce qu'en plus il est à découvert ce mois-ci. Et tant que l'expert n'a pas terminé son étude de l'appart merguezifié, l'assurance botte les remboursements en touche. Du coup Hurley, lui, ne touche rien. Je l'ai donc fait s'assoir dans le canapé moelleux, lui ai demandé de se calmer, et lui ai proposé un verre. Il m'a demandé un whisky. J'ai commencé à le servir, mais la bouteille était quasi-vide et quelques gouttes seulement sont tombées du goulot.
"Monde de merde..."
Il m'en coûtait, certes, mais j'étais bien obligé d'avouer qu'il n'était pas loin de ne pas avoir tort.
Sven Thomasson Vërgson
6ème jour d'Avril 2067