Fatigué
J'ai failli ne pas écrire.
Puis, une fois que j'ai eu fini d'écrire, j'ai failli ne pas poster.
C'est que je t'aime bien, tu sais, alors j'avais pas trop envie de te casser le moral. Je sais bien que tu préfères le Vërgson rigolo qui s'amuse des blagues d'un asiatique déjanté, ou encore celui qui sourit en balançant des répliques ironiquement cinglantes à des petits vieux envahissants. J'ai hésité, donc. Et puis je me suis dit que si tu passais par là, c'était parce que tu aimais bien aussi ce petit côté sombre, cette brise glacée qui souffle au-dessus de mes obscures galeries. Parce que Vërgson, c'est aussi un amoureux éconduit et un type qui a des potes pas franchement en pleine forme. Alors du coup j'ai écris. Et j'ai posté.
J'ai failli ne pas l'effacer.
Puis, après avoir validé la suppression du billet, j'ai failli regretter.
C'est que l'écriture est un moyen d'expression personnelle, et que si on se censure tout seul, franchement, où va-t-on ? Mais j'essaie de ne pas agir à chaud. De ne plus agir à chaud. J'essaie, et tu sais qu'avec ma grande gueule c'est pas facile tous les jours. Mais très franchement, faut être lucide : je suis juste fatigué. Fatigué de cette semaine, et aussi de celle d'avant, puisque je n'ai pas pu récupérer entre les deux. "Si ce que tu as à dire est moins beau que le silence, alors tais-toi !". Ce soir, tout ce qui m'entoure, je le vois au travers de ce prisme déformant qu'est la fatigue. Un prisme déformant et alaidissant. Et je sais que ce mot n'existe pas, me fait pas chier. Pas ce soir. Oh.
Au final, tu auras failli lire un billet de mauvaise humeur éreinté par un peu de stress et de travail. Un billet que j'aurais regretté demain. Ou lundi. Et qui n'aurait rien apporté, puisque jusqu'à preuve du contraire, écrire ne repose pas. Pas mieux qu'un oreiller, en tout cas. J'ai donc hésité, rédigé, posté, effacé. Et tu te retrouves sans rien à lire.
J'en suis désolé.
Mais je suis si, si fatigué...
Sven Thomasson Vërgson
Second jour de Février 2067